Subtilité quand tu « tiens » nos papilles !
Lorsque nous sommes parvenus à Eygalières, face, ou plutôt dos, au café du Progrès, et à celui de la Place, un coup de fil chez Bru allait nous amener à l’opposé de la bonne direction ! « Roulez, roulez tout droit pendant trois à quatre kilomètres, puis vous nous trouverez ! ». Or, indéniablement, il y avait une légère omission, celle de prendre la direction d’Orgon par la D 24 B ! Quelques sept à huit kilomètres plus tard, enfin, nous voici rendus en un petit domaine de 2,5 hectares, dont les murs d’enceintes sont curieusement conçus soit en grillage et pierre taillées, soit en rondins de bois « liés »! Esthétiquement, c’est « discutable », et du point de vue de la sécurité, quasiment nul ! La nuit tombant, un éclairage très diffus « embrasera » (très) timidement le parc, pour le moins, épuré ! L’entrée de l’hôtel ne fait, reconnaissons-le pas franchement dans le traditionnel (sauf peut-être à la montagne ou dans les pays nordiques) ! L’accueil se révèle affable et, je dirais même, peu « conforme » à un lieu dégageant, pour ce qui nous concernait, une « froideur » incontestable ! Et même si la grande porte d’accès à la réception, tout comme des chambres d’ailleurs, est en bois massif façon bergerie des Alpilles, le « message » ne passe pas vraiment ! « On » insistera, il est vrai, pour porter nos bagages, mais nous déclinerons l’offre d’autant mieux que l’on pourra amener le véhicule (presque) devant la porte de la chambre située en rez-de-chaussée. Lorsque la réceptionniste nous aura présenté la chambre, et remis la clé, un rapide coup d’œil nous « scotchera » sur place ! Glups !!!
L’ambiance fait dans le « clinico-industriel » ! Eh, oui ! Et, ce ne sont pas les « cloisons » (car, là, on ne parle pas de murs), le plafond, les poutraisons, l’échelle (hyper raide, « glissante » et dangereuse soit dit en passant) menant à une mezzanine impersonnelle et « étouffante » au possible, dans les tons gris béton, l’écran Sony mural, le pseudo-bureau (une épaisse « planche » de bois murale reposant sur un mini placard refermant un non moins mini frigidaire), deux chevets sur pied façon cuir (noir), un lit (assez) confortable et généreux (certes pas le meilleur qui soit, mais fort honorable !), une tête de lit « assortie » (si je puis dire !) aux chevets, des loupiotes façon « rétro d’autocar » ou « œil d’insecte », totalement inefficaces de surcroît, qui viendront contredire notre (psych) « analysé » ! J’oserais presque, effectivement, (allez lâchons-nous !) évoquer une (longue) séance de psychanalyse ! Il y manquerait, toutefois, le fameux divan ! Non, sans rire, le designer aurait pu penser au moins à deux fauteuils ! Ce ne sont pas les deux poufs carrés en velours « chocolat au lait » qui nous soulageront les reins ou relaxeront notre colonne vertébrale durant de belles soirées au coin du feu ! N’y comptez surtout pas ! Ici, on « tourne en rond » comme de pauvres diables ! En un mot, comme en un seul, on s’enquiquine grave ! Si ce n’est de foncer au « gastro » juste à côté (ne serait-ce pas là l’objectif ?) ou vers la piscine, au demeurant fort bien exposée, il n’y a rien à faire sauf, peut-être bien, d’écouter le silence ! Un silence qui, il est vrai, est fort salvateur en d’autres lieux, mais pas là ! Pour nous ce sera carrément l’« angoisse » !
D’ailleurs, même éreinté d’une longue journée dans les domaines viticoles du côté de Châteauneuf-du-Pape, je me réveillerai, personnellement « agressé » par cette atmosphère peu propice aux « doux songes », mais plutôt aux cauchemars ! Il n’y a là aucune âme ! Seules des âmes errantes seraient-elles admises ? Le pire, c’est que l’on a véritablement, et totalement, occulté l’aspect « intime » du lieu ! L’espace se révélera « luxueusement carcéral » (c’est un peu fort, me diriez-vous, mais néanmoins réel), et surtout pas monacal ! Ne pas confondre ! Ce n’est pas la « partie » salle de bain « incluse » dans l’espace, et séparée par une cloison à lucarne (avec vue sur le coin sommeil), sans porte isolante ni rideau, ni voilages qui engagera à l’intimité, et à la discrétion (si vous voyez ce que je veux dire !) ! La porte de verre pour les toilettes, bonjour l’originalité ! Quant à la douche « tube » (que l’on trouve, fort malheureusement, de temps à autres), je vous garantis une jolie « tranche » de rigolade pour la manier ! Je vous conseillerais plutôt la « grosse » douche tri-fonctions, bien plus pratique ! Si vos chers et tendres bambins vous accompagnent, notez bien qu’ils devront être (très) prudents pour accéder à la mezzanine, ne pas faire de « folies » au risque de passer par-dessus le muret, ou de dégringoler l’échelle avec tous les risques traumatiques que vous pouvez imaginer ! Mieux vaut n’avoir aucune envie de faire un (gros) pipi en pleine nuit, sauf à se casser la figure en descendant, ou à réveiller toute la « chambrée » en allumant ne serait-ce que le « hall » d’entrée ! Sinon, gare aux cloisons dans la figure ! Côté ménage, et propreté, ce n’est pas la panacée ! Poussière en haut des cloisons de la salle de bain, ou toiles d'araignées seront de la partie, sans omettre les multiples « millepattes » croisés de-ci de-là! Ceci dit, nous avons (bien ?) vécus (tel qu’à notre habitude) tout ce que je narre ici ! Allez, optimisons, et laissons à ce lieu une réelle « chance » de se « défendre » ! L’instant du « petit déj' » comme je dis toujours, sera-t-il révélateur d’un charme, peut-être bien, caché ? Que nenni ! Même la table carrée et ses trois malheureuse chaises tressées sur l’espace terrasse, donnant lui-même accès au jardin, puis indirectement, du fait des murets de pierres taillées, vers la piscine toute en longueur, ne m’évoquera aucuns sentiments particuliers ! Les oliviers, et autres mini palmiers, sembleront bien perdus, même si l’ordonnancement de l’architecte se révèle assez bien « réglé » ! Ce ne seront pas les cloisons (encore une fois, c’est une manie !) en résine tressée qui « réchaufferont » l’ambiance ! Par contre, foi d’Aristo, le silence est bien présent, mais, incompréhensiblement pesant ! Et le « petit déj' » me direz-vous ? Rien d’extra en somme, je puis vous l’assurer ! Même s’il nous sera amené par une serveuse souriante (ou un serveur qui s’en moquait royalement !) il demeurera, tout comme le reste ! Confitures quelconques (sauf la rhubarbe assez « sucrée »), viennoiseries hyper banales et (beaucoup) trop cuites, baguette et thé, cependant, honorables, mais sans plus ! Il n’y a pas là le moindre soupçon de soin ni d’attention dans le produit, vous savez celui que l’on aime à découvrir parfois, il est vrai dans les maisons d'hôtes de charme, même le jus d’orange est indéniablement « industriel » ! Et vous autres clients de passage serez bien déçus si vous vous référez, comme nous, à certains « petit déj' » d’anthologie ! Il ne vous restera plus, tout comme nous, qu’à vous octroyer un moment de soleil, calé sur une chaise un peu raide ! Là, incontestablement, le soleil est plus que généreux, et je dirais même que le choix du « territoire » est très judicieux ! Dommage que l’on est « traité » le lieu de la sorte ! Ceci dit, il devrait bien convenir aux convives des Pays Nordiques, et autres contrées de l’Est, si j’en crois les (différentes) langues que j’ai pu être amené à capter !
Vers 13 heures, presque tapantes à 10 minutes près, nous voici attablés en bord de salle, à la limite de l’espace terrasse. La température ambiante, ce jour de (presque) mi-septembre, demeurera suffisamment élevée pour que nous ayons optés pour cette salle aux poutraisons naturelles, murs de pierres brutes taillées, et gris béton. Assis sur des chaises de tissus chinés beige et marron, nous voici menu dégustation en mains. On nous proposera un apéritif maison ! Deux coupes de champagne, l’une en rosé, l’autre en blanc ainsi que la « spécialité » maison, une « alliance » pour le moins atypique de Campari, jus d’orange et champagne. On nous refusera le champagne (sic) sous prétexte que cela n’était pas « inclus » dans la « formule » ! Après coup, certainement en me voyant écrire, comme à mon habitude, mon « appréciation » sur le champ, ce qui ne doit, si je comprends bien, pas être si répandu que cela, brutalement « on » changera d’avis ! Exit, donc, le « refus » et bienvenue à la coupe ! Ceci représentera le premier « faux pas » du chef ! Côté sommellerie, David, le préposé, nous annoncera que le chef aurait « prévu » une dégustation avec, fonction du menu, un blanc Château Gigognan, Clos de Roi-2006 et un rouge Saint-Joseph-Don Boyer-2006. Pas trop contrariant, nous accepterons le « deal », histoire d’ « apprécier » !
Les mises en appétit, ou amuses bouches, feront dans l’inventivité et l’esthétisme. Sardines marinées, et échalotes confites, sauce tartare, (super) croustillant de cervelle d’agneau, spuma mayonnaise et chips de pomme de terre, puis un thon mi-cuit, mariné crèmé de soja et feuille de chizo. Le « rideau » s’ouvrira sur un cannelloni de pommes et homard, avocat au citron vert, vinaigrette de crustacés, gélatine de gaspacho, certes minimaliste, mais fort goûteux et aux saveurs très prononcées ! Le dos de cabillaud confit, petit croquant de coques et moules, croquettes de brandade parfumée à la tomate, chorizaret et parmesan, fera dans la (relative) excellence tant pour la « mise en scène » que pour la « mise en bouche ». Cabillaud saisi comme il se doit, émulsion « persistante » mais suave ! Le King Crabe (une spécialité du chef) allie parfaitement l’émulsion de la truffe, la pousse d’épinard, le King Crabe et l’huitre de Marennes Oléron. Subtilité quand tu « tiens » nos papilles ! Pour le plateau du fromager (plutôt un chariot d'ailleurs qui ressemblerait à s’y méprendre à une table de jeux) avec son interminable variété de chèvres, de tommes, de fromages de vaches et de fromages « forts » ou « consistant » tels les maroilles et autres époisses. La « sélection » de Pauline s’avérera (très) judicieuse ! Le pré dessert pour mon fils, une émulsion caramélisée aux fruits rouges, pastèque et fraises Mara des bois, exquise en bouche ! Côté douceurs, la gaufre citronnée, son cannelloni de pommes et menthe, glace au rhum et raisin, sera aguichant et « tendre », la crème caramel, sa glace aux amandes grillées, mousse au thé Earl Grey fera dans la (grande) finesse et onctuosité. Quant à la praline fruit de la passion, espuma de chocolat blanc, crème citron et macaron aux pommes et basilic, elle fera dans excellence. Côté mignardises (si je puis dire !) ce sera un feu d’artifice des goûts et des saveurs pour une séduction des sens ! Crumble, pâtes de fruit rouge, macarons et guimauves. Granité d’ananas en verrine et émulsion, amandes grillées et (merveilleuses) madeleines tièdes ! Un parcours gustatif quasi parfait ! On aurait apprécié que cela soit un peu plus « simplement » proposé (je ne citerais personne en particulier pour ménager les susceptibilités) ! Par contre, l’instant gastro n’aura rien de comparable avec celui des songes, et, pour ma part, le choix ne sera pas cornélien !Tarifs des chambres selon la saison : la double 200 à 300 €, celle avec mezzanine 200 à 300 €, la supérieure 300 à 380 €. Petit déjeuner à 20 €.
Maison Bru –Hôtel –Restaurant
Route d’Orgon – 13 810 Eygalières – Tél. : 33 (0)4 90 90 60 34
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