« Dites-nous, marches gracieuses… »
Il nous est parfois nécessaire de parcourir quelques kilomètres pour « accéder » à une chambre, ou à une « junior suite », qui aurait eu la malheureuse idée de mettre une certaine distance entre elle et nous ! Des remparts de la Cité des Papes, côté place Crillon, nous aurons « enjambés » le Rhône et la Durance, traversés Villeneuve-Lez-Avignon, longé le Rhône sur une (bonne) dizaine de kilomètres, et grimpé, dès l’entrée de Sauveterre, vers l’église Notre Dame pour, bien évidemment, nous diriger à l’opposé de l’« objectif » ! Demi-tour en pleine nuit, les phares dans les murs, virage après virage, une dernière « épingle à cheveux » nous mettra face aux grilles (intentionnellement) « rouillées » du parc ! Petit coup de parlophone à la direction, Madame Hascoët nous donnera (à distance bien sûr) accès à ce qui apparaîtra, à cette heure-ci (environ 20 h 30), comme un dédale tortueux entre les arbres jusqu’au parking (une petite cinquantaine de mètres). Le « parcours » se révèlera beaucoup plus ardu dans la nuit quasi noire pour gravir une à une les marches, suivre l’allée « à tâtons », et accéder sur la terrasse avec pour « cible » la lumière des fenêtres et celle émergeant de la porte massive à double battant, passage obligé pour (enfin !) pouvoir admirer un (superbe) hall orné de canapés dorés et (velours) rouge, très XVIIème. Une (forte) exhalaison viendra titiller nos narines, celle que nous reconnaissons entre mille !
En fait, même si le château ne fait plus, depuis plus de huit années, restaurant, il n’en demeure pas moins que, ce soir-là, un traiteur local « régalait » un groupe d’Américains (un poil bruyants), Monsieur Hascoët descendant le « grand » escalier, nous réservera un accueil (fort) chaleureux pour nous mener au premier étage à la suite Angélique. Côté bagages, il nous faudra reprendre notre véhicule, ressortir du parc, le contourner pour finalement passer par la ruelle du presbytère sur l’arrière, et déposer, par une porte donnant accès directement à l’escalier d’honneur, nos bagages pour les hisser au premier niveau. Quelques allers retours plus tard, la voiture ayant été reconduite sur le parking (ouf !), nous voici rendus dans « notre » petit nid douillet de (cinq) soirs ! Lustre à pampilles, plafonds à moulures et gypseries Le Manach, murs alternant les tons argile foncé et clair, armoire vitrée, bureau, commodes et chevets marbrés, et sol de parquet blond (craquants) confèrent à cet espace généreux un indéniable charme ! La literie s’avèrera (assez) opulente, « sensible » et ferme à la fois, avec une tête et un « ciel de lit » en tissus Pierre Frey de part et d’autre, assortie aux rideaux à embrases et autres coussins du même cru !
Seul le mini téléviseur écran plat (36 centimètres) manquera, comment oserais-je dire, d’envergure ! L’atmosphère fait dans le feutré, dans le discret, en un mot, dans le « bienfaisant » et le « bienséant ». Un second (petit) espace auquel on accède par une double porte réservera ses « charmes » (à l’identique) pour un adolescent de (très) grande taille. Et puis, l’espace bain séparé par une (très) judicieuse cloison métallique, vitres (opaques) dans les mêmes tons (quasi) parfaitement insonorisée et hermétiquement conçue. Avec son sol de tomettes à l’ancienne (certes pas franchement authentiques), sa baignoire, et son lavabo sur pied (comme on en fait presque plus), sa très belle robinetterie argentée, sa petite fenêtre à rideaux, sa boîte de kleenex en bois style « Comptoir de Famille », son mini frigidaire (eh oui, ici on l’a curieusement placé dans l’espace bain !), son radiateur Atlantic (quant à lui hyper moderne) très efficace, son guéridon à trois niveaux pour les affaires de toilettes, son grand miroir ancien, glace « piquée », ses appliques murales de verres en dentelle opaque, on a la nette sensation, non pas de déjà vu, mais, bien au contraire, de très personnalisé ! Tout cela fait, indiscutablement, dans le (très) bon goût (quoique je ne sois pas du tout « friand » de couleurs vertes, question superstition !). De surcroît, trois grandes fenêtres donnant sur un parc de trois hectares (avec piscine) parsemé de fontaines d’époque, et « protégé » par un cèdre du Liban vieux de 400 ans d’âge, et de multiples platanes centenaires, auraient dû laisser la luminosité emplir l’espace surtout en cette belle journée ensoleillée. Or, à 11h30 du matin, ce n’est pas vraiment le cas ! Serait-ce dû au fait que la « junior suite » ne soit pas située en façade du bâtiment ! Dommage, car nous n’aurons pas eu la chance d’observer (directement), sauf en terrasse, le mont Ventoux, le Lubéron et Châteauneuf-du Pape (le domaine de 3200 hectares) ! Par contre, le soleil daignera finalement « plonger » ses rayons vers les 13h à 13h30, dans notre chambre !
Mais, dès 9h (quasiment) tapantes, après un coup de fil, préalablement, à la réception (10 à 15 minutes auparavant), on frappera à notre porte ! Madame Hascoët, et sa femme de chambre portent chacune un (lourd) plateau, l'un « arborant » thé, café, nectar de pêche ou abricot (pas mal en lieu et place du jus d'orange trop souvent banal, de chez Cambe Rémy, un producteur local), confitures artisanales (en grosse verrine, généreusement proposées) d'abricots ou de fraises, et petits beurres Président, et sur l'autre la panière de viennoiseries (mini pains au chocolats et croissants) regrettablement « industriels », tranches de pain Harris le premier jour, fort heureusement remplacées, dès le dimanche matin, par du pain de campagne tranché (mais pas grillé) et un succulent cake au pommes tout fraîchement concocté par Madame dès cinq heures du matin ! On ne fait, certes, pas, à ce niveau dans l'exceptionnel, ni l'inoubliable, mais le (très) honorable ! Côté douche, il nous faudra employer des « ruses de sioux » pour ne pas même parvenir à éviter d'éclabousser l'ensemble des tomettes ! Un rideau autour de la baignoire (style ciel de lit, mais en imperméable) eu été le (très) bienvenu ! Le midi, (un peu) lassé (et mon foie aussi) par les tests de restaurants au quotidien, notamment, des gastros pour certains « alambiqués » (ça ne fait toujours bon ménage avec le digestif !) nous aurons optés pour un (simple) jambon-beurre en chambre (concocté par nos soins), quelques rapides courses ayant été faites au cœur du village, avec, au titre du dessert, le fameux cake aux pommes de Madame Hascoët ! Il est vrai qu'il y a là un « décalage » qui nous aura séduit surtout eu égard à un Château du XVIIème siècle, ayant, au XVIIIème , appartenu au maire d'Avignon, Guillaume Puy, pour aboutir, avant-guerre, à Laurence de Varenne, puis à l'épicier du village qui le laissera, tout comme son prédécesseur, se dégrader inacceptablement, à tel point qu'un figuier aurait « envahi » le salon de lecture d'aujourd'hui, salon qui arbore, dorénavant, outre des œuvres d'Hervé Thibault, un peintre contemporain de Gordes, un mystérieux portrait de Laurence de Varenne enfant dont le regard vous suivrait inexorablement !
Il faut expliquer là qu'en 2003 le Château, objet de notre (grande) attention, devait être totalement restauré dans l'esprit du XVIIIème siècle, et ce ne sont pas Sylvie et Didier Hascoët, les co-directeurs, qui me contredirons, d'autant qu'ils ont, personnellement, menés, et supervisés, tous les travaux de restauration et de décoration, et ce jusque dans les moindres détails, pour en faire, en ce début de XXIème siècle, un petit « bijou » de Château-Hôtel.
Tarifs de la suite en basse saison 250 € et 360 € en haute saison.
Château de Varenne
Hôtel***de charme
Place Saint-Jean - 30 150 Sauveterre – Tél.: 33 (0)4 66 82 59 45 / Fax.: 33 (0)4 66 82 84 83
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