Ensorcelé, ou pas ensorcelé ? Telle est la question !
S'il est exact qu'après plus d'un mois passé sur la Cité des Papes nous ayons quasiment « testés » tous les meilleurs établissements hôteliers, intra comme extramuros, force était de constater que l'un de ses « fleurons », ou considéré comme tel, manquait, indéniablement, à notre « palmarès » ! Or, « notre » première rencontre, au début du mois d'Août dernier, n'ayant pas été (très) « concluante » (contentons-nous de le dire comme cela !), et n'ayant pas pour habitude de « renoncer » facilement, je décidais de procéder tout autrement ! Réservation fut, finalement, prise en cette mi-Septembre ! Allez hop, le soir venu, direction Avignon et son unique *****! Petit détour par les remparts jusqu'au pont Saint-Bénezet, et direction la petite place de Crillon, du nom de cette noble dame qui vécut là au XVIIème siècle. Nous engagerons donc notre véhicule sur l'emplacement prévu à cet effet (pas trop aisé, il est vrai) pour débarquer nos bagages. Accueil affable de la réceptionniste, et du bagagiste qui n'hésitera pas à tout monter (ou presque) après nous avoir fait visiter « nos » deux chambres, les N° 101 et 102, au bout d'un joli couloir surplombant le patio de l'hôtel ! Deux chambres (dont ils ont conservées les clés d’origine, exposées en vitrine, dans l'escalier) qui, en fait, n'en faisaient qu'une lorsque, semble-t-il, Napoléon Bonaparte (pas encore Empereur) vint y séjourner, ou plutôt s'y « préserver » des « ambitions » expansives du Directoire ! Il faut signaler là, qu'à cette époque, le lieu portait le nom d'Hôtel de Madame (veuve) Pierron depuis son acquisition en 1799. Depuis ses premières armoiries, celles des Amat de Gravesson, cet hôtel particulier n'aura cessé de séduire, que dis-je de subjuguer ! Aujourd'hui, ce sera donc, après feu Monsieur le Comte de Paris, à mon tour d'apprécier du bienfondé d'une telle réputation ! « Ensorcelé », ou pas « ensorcelé »? Telle sera la question ! Au moment où je rédigeais ces lignes, cela ne fera pas moins de trois heures (globalement) que nous serons installés, et déjà, habitués à ce confort douillet d'un lieu hors du commun, et du temps ! Je ne dis pas que nos deux « espaces sommeil » seront exceptionnels et que, sur les quarante et une chambres, et trois suites de l'hôtel, nous aurons « hérités » des plus séduisantes, mais, cependant, il aurait fallu être soit inconscient, soit d'une incroyable mauvaise foi, pour ne pas apprécier leur réel confort, et leur charme indéniable.
Et, je ne pense pas là qu’ils s’agissent uniquement de la déco (très) soignée, soit dit en passant ! Les teintes beurre, bouton d'or et jaune paille tant des murs, des moulures que de la moquette « mouchetée », les tableaux de Juan Benito très « Art-lésienne », la cheminée de marbre, les candélabres, lampes de chevet, et autres appliques de bronze, ou lustres à pampilles, l'armoire « Provençale », et sa grosse « Pomponette », la commode trois tiroirs, les fauteuils, et autre méridienne, rayés beige, ou ces pots « style Ming », n’auraient pas eu cette seule capacité ! Non, je pense qu'il s'agit, en premier lieu, d'une « histoire » (comme la nôtre), et de multiples autres, vécues depuis le XVIème siècle, d'une « empreinte » et de toutes les âmes qui errent (peut-être bien) encore ici ! Côté sommeil, si la literie fait dans la « belle » générosité, on est tout de même assez éloigné des literies Haastens (ou similaires) avec, notamment, cette sensation d'enfoncement (et pourtant je suis loin d'atteindre les 100 kg) qui nous demandera une certaine adaptation. La double isolation des fenêtres ne suffira pas, la première nuit, à « supprimer » les « échos » nocturnes de la rue, ce qui, vers trois/quatre heures du matin, aura eu pour mérite de nous sortir d'un sommeil salvateur, tant cela vociférait juste sous « nos » fenêtres ! Le lendemain matin, un peu vaseux, l'œil quelque peu « rougi », brosse à dent en main, on frappera à la porte, d'ailleurs fort « délicatement » tirée durant la soirée, et « isolant », en quelque sorte, les deux chambres du reste de l'étage pour n'en former qu'une (comme à l'époque de Bonaparte).
Le « petit déj’ », commandé par téléphone, dés huit heures du mat (car il n'y a aucune fiche à mettre sur la porte, et nous aurons dû nous contenter, si j'ose dire, du « menu » disponible dans le sous-main), se fera annoncer, et déposer sur le guéridon au plateau de marbre gris acier, par deux charmantes jeunes femmes de service en jupon régional, sur deux beaux plateaux argentés ! Ah, là ça commençait à me plaire ! A cet instant, j'ai un cas de conscience ! Soit je dis ce que je pense, soit je pourrais faire plaisir à la direction de l'hôtel ! Me connaissant, vous savez que je n’hésiterais pas une seule seconde ! Il ne sera, soyons franc, pas franchement (et ceci n'engage que moi) du niveau d'un quintuple étoilé ! Quoique fort honorable, on l'imaginerait, certainement « ailleurs », mais pas ici ! Il ne nous fera pas « rêver » avec sa porcelaine passe partout, ses petits pots de confitures lambda bien que relativement qualitatif, son jus d'orange pas fraîchement pressé du matin (vous savez celui que nous avons, malheureusement, parfois croisé), ses mini viennoiseries par trop banales, et sa baguette fraîche un peu perdue au milieu de tout cela. Par la suite, les lendemains et surlendemain, nous aurons droit à des madeleines exquises, et à une compote de pomme avec sa framboise fraîche en déco mais toujours pas ce côté charme un peu désuet, certes, des vieilles porcelaines, des confitures artisanales, du pain de campagne frais et grillé, du pain au maïs, ou à l'épeautre ! Ceci dit, j'avoue bien sincèrement, et malgré tout, m'être laissé prendre au charme de cet hôtel hors d'âge !
Je me serais, d'ailleurs, laissé aller à déambuler dans les couloirs moelleusement revêtus de tapis bleus et or, à scruter les vitrines où « sommeillent » des œuvres parfois atypiques comme ces Dragons Napoléoniens en porcelaine ! Le service du personnel fait incontestablement dans le style « douillet » et très efficace ! Ni trop ni trop peu ! On sent bien que l'équipe est dirigée par une « main de fer dans un gant de velours » ! Madame Fabri-Daire, la directrice générale dont le père fut, à l'époque, l'un des heureux propriétaires du lieu, n'a pas son pareil pour se tenir informée de tout, et partout, dans l'établissement. Ceci lui permettra, en effet, d'apprendre (et je n'y serais pas pour rien !) que la pression d'eau dans les salles de bains, le matin vers huit heures, aurait été relativement inexistante. Trois tours de tournevis plus tard (je suppose), cette dernière se révèlera parfaite !
Nous constaterons, de la sorte, que l’attention n’est ici pas un vain mot et que l’on demeure totalement à votre écoute 24/24 heures près à « exaucer » vos moindres souhaits, ou presque !
Loin de moi pourtant l’idée de jouer les capricieux d’autant que je n’aurais, tout au long de mon séjour, pas franchement relevé de disfonctionnements majeurs, hormis un détail d’importance dont je me serais fait l’écho auprès de la directrice générale, détail qui, n’en doute pas, aura retenu toute son attention. Mis à part cela, cet hôtel-là mérite, indéniablement, toute votre confiance !
Hôtel d'Europe *****
12, place Crillon – 84 000 Avignon – Tél.: 33 (0)490 147 676 / Fax.: 33 (0)490 147 671
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